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Herbe de prairie
14 Mars 2022
Bilan d'une expérience réalisée début avril 2018.
Le CHIENDENT
C'était une gageure, mais après tout, pourquoi pas ?
Ayant lu dans un ancien ouvrage du début du 19ème siècle que l'herbe pouvait teindre durablement la laine (et chacun sait qu'une tache d'herbe sur un vêtement blanc est quasiment impossible à enlever une fois sèche), je me suis lancée en coupant au couteau de cuisine à grande lame et à dents un gros saladier d'herbe du jardin.
Il s'agit principalement de chiendent et de fétuque... En photo la différence entre les deux n'est pas évidente, mais au toucher, c'est facile, les feuilles de la fétuque sont douces et comme soyeuses. De plus sa base est verte, tandis que celle du chiendent est jaune paille.
La FETUQUE
Le livre indiquait que l'on obtenait des jaunes plus ou moins vifs mais en tout cas bien francs, sur de la laine alunée à 10% en masse. Et des verts kakis en réalisant un post-bain au fer.
Soit...
Je mis donc mon herbe fraîchement coupée (un grand saladier) dans une grosse marmite en inox et ajoutai de l'eau bouillante, juste de quoi couvrir l'herbe. Mon eau à Olby était de l'eau de source, très minéralisée, surtout en fer (et pas mal de cuivre).
Je laissai tremper mon herbe toute la nuit.
Le lendemain matin, la marmite fut portée sur le feu et le tout laissé à gros bouillons pendant 10 mn, ensuite de quoi je couvris le récipient et le déposai sur le poêle à bois qui tournait à allure moyenne (nous avons encore besoin de chauffage en montagne, en avril).
Je l'oubliai ainsi jusqu'en fin d'après-midi.
J'enlevai alors l'herbe qui était comme cuite, le jus était bien vert-jaune foncé, je regrette de n'avoir pas pris de photo ! et je transférai le jus dans un récipient en inox beaucoup plus petit, car il avait considérablement réduit malgré le couvercle, en le laissant sur le poêle allumé, j'y plaçais un micro-écheveau de laine mouillée mordancée préalablement à l'alun, et je remis un couvercle sur le nouveau récipient.
La laine passa ainsi la nuit dans le bain...le matin en trempant un doigt dans la solution, je constatai qu'elle était à environ 40°C, elle s'était probablement maintenue aux alentours de cette température toute la nuit.
Je sortis alors la moitié du micro-écheveau, et le mis à sécher, sans rinçage. La laine était d'un jaune moyen/pâle, tendre, ne tirant ni sur le vert ni sur le orange mais nettement dans la gamme des couleurs chaudes.
J'ôtai la casserole du poêle et la remis avec la moitié restant de l'écheveau sur feu vif sur la gazinière, pour une "cuisson" à petits bouillons d'environ 30 mn.
A ce moment, la couleur de la laine était d'un jaune soutenu, quasiment tournesol. Le jus était jaune-ocre très foncé.
Après ce gentil bouillon, retour sur le poêle à bois pour toute la journée.
Vers le soir, je sors la laine de son bain sans me brûler (il faisait froid et le poêle marchait bien si bien que l'eau s'était maintenue toute la journée à 50-60°C). J'en prélève 50 cm que je remets dans le bain, sur le poele, en ajoutant "au pif" un peu de "soupe de clous"...
Le reste est essoré rapidement et je le mets à sécher sans le rincer.
Le lendemain matin, je sors les 50 cm de laine ayant subi le post bain ferreux, qui vont aller sécher après un rinçage rapide, et je mets fin à l'expérience.
Note : La laine utilisée est de "la laine de pays" commerciale, 100% virgin wool, "bulky", retors 3 brins.
BILAN :
Pas d'odeur particulière, ni pendant la cuisson ni après.
Au toucher la laine qui n'a pas subi le traitement ferreux est identique à ce qu'elle était après l'alunage, rien à signaler. Celle qui a été traitée à la soupe de clous est un peu rêche mais rien de très significatif.
La laine qui a été retirée de la tambouille AVANT la phase bouillon de 30 mn, est jaune asses pâle, tendre et franc, façon poussin ou canneton.
La laine qui a subi le bouillon et la dernière nuit sur le poele à bois est jaune tournesol très lumineux, une vraie merveille.
La laine ayant subi le post-bain au fer présente une couleur indéfinissable, proche de celle de la peau d'un kiwi (le fruit).
Le lavage avec du liquide vaisselle, à l'eau du robinet et sans aucune précaution particulière, n'a pas modifié les couleurs.
Après quatre ans, les couleurs n'ont presque pas bougé, mais la laine a été assez peu exposée au soleil : uniquement à l'éclairage indirect dans une pièce de la maison où elle était entreposée. Je ne l'ai pas soumise à des UV directs, encore moins placée derrière une fenêtre exposée sud ou ouest. Bref, pas de "stress-test" pour cette laine.
PHOTOS :
A gauche la photo prise en avril 2018, à droite celle prise aujourd'hui, 14 mars 2022
Les beaux jaunes obtenus sur laine mordancée à l'alun
La couleur "peau de kiwi" obtenue par un post-bain à la "soupe de clous".
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